VILLES

Comment définir la maison ? La question est à replacer dans le contexte actuel.  Dans un premier temps, il est intéressant de constater que la maison reste invariablement une maison. En effet, si l’appartement parisien se prête très bien au jeu de transformations en agences et bureaux, si les anciennes usines se réhabilitent facilement en lofts, et si même l’église de Sarlat (XIIème siècle) ressuscite en un musée fermé par des portes d’écluses géantes, il est alors intéressant de constater que la maison demeure un espace programmatique immuable.


Pourquoi ? Alors que nous nous plaisons tant à redéfinir des espaces parfois stériles dans de nouvelles mutations depuis les cinquante dernières années, pourquoi a-t-on la sensation que la maison renvoie aux architectes le sentiment d’un acte isolé ?


La maison est une des constantes de nos sociétés. Elle constitue la sphère privée dans nos relations, chacune contenant les vies de plusieurs personnes, parents, enfants, parfois grands parents.

Construire une maison est donc un acte qui requiert de répondre au fonctionnement intime de l’humain, à nos manières de vivre ensemble en apparence similaires et pourtant si particulières.


L’augmentation des besoins, des échanges, de la vitesse a permis mais également ordonné une uniformisation massive à l’échelle de la planète. Nos styles de vies se ressemblent et s’assemblent. Tout est, ou plus exactement doit être sécurisé, rapide et immédiat.

La maison suit cette évolution. Elle ne cadre plus uniquement des vues sur l’extérieur, elle permet d’offrir une ouverture sur le monde. Le monde vient à nous, il est là, accessible et l’endroit où nous nous sentons le mieux pour le vivre semble être notre maison. La maison, en plus de nous protéger de l’environnement extérieur, nous permet désormais d’accéder et d’échanger sans se déplacer. Elle s’adapte techniquement et répond à nos nouveaux besoins.


Depuis la fin du XIXème siècle, le développement lié aux révolutions industrielles a transformé nos sociétés. L’explosion démographique en milieu urbain du siècle dernier a rapidement conduit à  devoir repenser le développement des villes.

Les grandes villes opèrent leur mutation en mégalopole où les réseaux de transports et de communication se redessinent toujours plus grands, plus larges. Il est alors intéressant de constater comment les villes s’étendent à travers le monde en répondant à la question commune de la densité.


Le comté de Los Angeles se traverse en plusieurs heures (photo aérienne 1), le développement de la ville s’est constitué dans l’horizontalité de la maille. Les grattes ciels des bureaux et services constituent le centre d’affaires. Les dimensions du territoire permettent un étalement de zones pavillonnaires sur plusieurs dizaines de kilomètres. Le développement des habitations par une densification diffusée a déterminé la voiture en élément central de l'organisation des modes de déplacements.


A Shanghai (photo 2), le développement accéléré a fait émerger un urbanisme de collage, de juxtaposition entre ancien et nouveau. Dans la douleur, la maison traditionnelle chinoise se jouxtent quasiment aux gratte-ciels.

PARIS
1000 m2
CONCOURS
2012

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LA MAISON ET PARIS

PARIS
1000 m2
CONCOURS
2012


En Europe et plus particulièrement en France, la réponse a été apportée en plusieurs programmes. La construction de logements collectifs, constituée de barres d’habitations en proche périphérie a été l’une des réponses les plus marquantes après la seconde guerre mondiale.


Aujourd’hui, le développement des zones pavillonnaires dans l’ensemble des villes en proche, moyenne et grande périphérie ainsi que la restructuration des grands ensembles en zones pavillonnaires font re-émerger la nécessité de l’espace public et notamment celle de la place. La ville et plus particulièrement ses quartiers ne peuvent exister dans l’unique répétition. La maison ne résout  pas tout

.

Si auparavant, nous avons pu considérer que pour des raisons de densité, la localisation des maisons était à privilégier en dehors des centres au profit d’immeubles et logements collectifs, il est intéressant aujourd’hui de repenser cette situation.


En effet, il est peut-être important de rappeler que la population parisienne n’a cessée de chuter au cours du XXème siècle.

Paris abritait intra-muros 2,9 millions de personnes en 1920. La population est d’aujourd’hui de 2,2 millions d’habitants. S’il est avéré que les personnes et notamment les familles quittent Paris, quelle en est la raison principale ?


La recherche d’espace, la possibilité de pouvoir accéder à une maison en sont sûrement les réponses les plus évidentes. Le pourcentage de maisons dans la capitale représente 5% de l’espace bâti, un logement sur deux est constitué de moins de trois pièces. La maison pose la problématique de la densité en milieu urbain. Elle pose également le choix entre l’espace commun, partagé et l’espace privé.


Le développement de la capitale a généré des espaces, des vides importants non pas au sol mais en partie supérieur, sur les toits. Il est alors intéressant de prendre en compte ces vides et de les mettre en relation avec les règles d’urbanisme de la capitale. Le plan des hauteurs (cf.1) indique six plafonds compris entre 18 et 180 mètres.

Le centre de la capitale regroupe les 7 premiers arrondissements et une partie des 8,9,10 et 11ème arrondissements limités en hauteur à 25 mètres.

Les neuf arrondissements suivants (12 à 20), correspondant en majorité aux annexions sous Haussmann de 1870. Ils  permettent des constructions comprises entre 31 et 37 mètres. Ce potentiel de hauteur a permis de construire un nombre important de nouveaux logements depuis les années 60.


La juxtaposition avec les immeubles existants du début du XXème siècle, en briques et/ou pierres apparentes le plus souvent compris entre 5 et 6 étages ainsi que les immeubles plus bas et également les quelques maisons encore présentes  génèrent des juxtapositions de styles et d'époques. Si ces interventions continuent de faire que Paris est Paris, il est tout de même important de souligner que les vides créés entre les différentes hauteurs marquent une discontinuité à étudier.


Il n’est pas ici question de penser à une solution globale. Tous les vides ne doivent bien évidemment pas être pris en compte. La ville a besoin de vides, de respirations. La mise en application des possibles architecturaux se doit d’être ponctuelle et ciblée.

La maison peut être à développer en milieu urbain mais elle doit conserver et même amplifier une de ces caractéristiques principales, à savoir son unité.


La répétition est à redéfinir dans cette pensée, il est plutôt question de possibles chirurgicaux, de mise en évidence de situations transformées par des opérations sensibles et appropriées.

La maison s'insère au dessus du vide nécessaire avec le bâti existant. Ce vide permet de bénéficier de la surface des toits et d'y implanter les jardins en partie commune des accès.


Le jardin permet de créer la relation à l'extérieur. Il peut ou pourraît être partagé en partie avec les personnes d'en dessous. Le jardin de la maison devient espace commun,  mini-place social d'une rue en hauteur.

DES VIDES

Ainsi, nous avons retenu des vides, des espaces avec                un potentiel intéressant. Le premier se situe dans le Nord-Est de la capitale, proche de la Porte de Pantin. Zone en pleine mutation architecturale qui comprend actuellement la réalisation du tramway ainsi que la  construction de la Philharmonie de la Ville de Paris. La réglementation permet dans ce quartier des constructions limitées à 37 mètres.


L'intérêt de cette rue réside dans la répétitivité du bâti, ryhme identique formant volume de pierres. La hauteur des immeubles est de 23 mètres. Le vide potentiel à bâtir est de 14 mètres.


La photo de la rue de Mouzaïa située à quelques centaines de mètres de la rue Jumin montre la présence de maisons.  L'échelle de la maison pourrait être contenue dans le vide des 14 mètres de la rue Jumin. La notion de répétitivité est ici transformée par la couleur. Les jardins créent l'espace tampon entre la rue et les maisons.


L'analyse en coupe et plus particulièrement de l'immeuble pemet de résoudre l'attache de la maison.

MAISON = VILLE  ? MAISON = SOCIAL?

La maison peut-elle être sociale ? Les relations sociales et donc l'intimité sont sous entendues.

La maison est synonyme d’espace, petit, grand, tordu, en recoin, caché ou  imaginaire, elle symbolise avant tout le présent et les souvenirs qui s’y rattachent.


La maison de son enfance rappelle à chacun de nous la découverte, l’éveil, les premières fois. Si par la suite, nous nous oublions de notre enfance, qu'en conservons nous ? Le sentiment de protection, le refuge, le nid en sont les images  les plus répandues.


Le boulevard Victor situé près de la Porte de Versailles a attirée toute notre attention notamment au niveau du numéro 31. L'immeuble d'habitation est en retrait du boulevard et ferme l'intérieur de l'îlot. Il est cependant visible depuis l'avenue. Les maisons en alignement du boulevard dégagent la vue et offre un vide entre côté ouest un immeuble moderne d'une trentaine de mètres et côté est un immeuble début XXème siècle. Les pignons droits des deux immeubles marquent un volume net, un devenir en suspens,



Le titre sous entend cette question, comment conserver, garder la maison ?

Devons nous penser à la maison uniquement en terme architectural ? N’est-ce pas à nous de redéfinir en fonction des situations existantes, l’adaptation des espaces que nous vivons ? Les solutions doivent-elles être uniquement techniques ou pouvons-nous repenser à ce qui existe en le détournant ? La maison est-elle obligatoirement à dissocier de l’espace urbain dense, de la métropole ?


La maison n’est pas à penser en termes de progrès mais d’adaptabilité, de mutation pour reprendre un terme plus générique. Si la maison est depuis toujours sur un terrain, cette appartenance à la terre peut-elle être repensée ? Une maison doit-elle être au sol pour exister ?


Si dans un premier temps, nous avons cherché à repenser l'appartenance au sol de la maison pour la recontextualiser dans l'espace urbain, la valeur de propriété est une donnée qui mérite aujourd'hui réflexion. La propriété de la maison peut-elle se partager comme celle d'un immeuble ?

L'immeuble a une surface de toiture terrasse de 460 mètre carré. Les dimensions de cette dernière permettent de repenser la maison en terme de partage de l'espace. La toiture en se dédoublant en jardin reprend les principes énoncés pour la rue Jumin. En revanche, la configuration de cet immeuble permet de penser à une maison contenant. Une maison contenant plusieurs habitations et dont l'unité de sa forme est générée par son enveloppe, la maison dans sa forme la plus simple.

La maison est constituée d'une enveloppe en zinc. Ses dimensions de 27x18 mètres lui permettent de contenir quatre maisons de 100 mètres carré chacune. Le rez-de-jardin commun dispose d'une superficie de 360 mètres carrés.


Chaque maison au rez-de-chaussée est distincte de l'autre. L'accès par le rez-de-jardin permet de créer une transition entre espace partagé et privé. Le noyau central permet également de prolonger les réseaux existants et les circulations verticales.


Le noyau se développe en patio, espace commun au rez-de-chaussée.

Il permet à l'étage de produire une régulation thermique par le principe de la cheminée naturelle.

Des panneaux solaires  sont intégrés aux toitures de  l'enveloppe.


Quatre maisons sont présentes. L'organisation du plan est libre, deux volumes se superposent pour chaque maison et forment un L. Cette disposition permet de recréer un angle, ouvert sur l'extérieur en se refermant sur le patio. Chacun disposant de vues  avec deux orientations. Le jeu d'assemblage des volumes permet de créer des vides en simple et double hauteur. Les vides se composent en patios et jardins protégés par l'enveloppe.

GRAND PRIX D’ARCHITECTURE DE L’ACADEMIE DES BEAUX ARTS

PARIS
1000 m2
CONCOURS
2012

SITUATION

SURFACE

ETAT

DATE

HABITER LES TOITS

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